Ce soir, j’ai regardé « L’Emprise » sur TF1. Et on peut dire que ce film m’a retournée. J’ai beaucoup aimé, dès les premières secondes, j’étais captivée et je n’ai pas quitté l’écran des yeux une seule seconde pendant tout le film.

Ce film raconte l’histoire vraie d’une femme battue qui se retrouve aux assises pour le meurtre de son mari. Le film n’est jamais voyeuriste, il est poignant.

Chaque minute environ, on recense une victime de violence conjugale en France, soit 540 000 par an, le plus souvent des femmes. Une femme décède sous les coups de son conjoint tous les 3 jours en France (174 décès de violence conjugale en 2012 et 146 en 2013).

J’avais déjà parlé de violences conjugales dans mon article sur Nabilla et Thomas, je ne compare pas les deux « affaires », juste vous rappelez que si vous aviez lu mon article, vous avez appris que moi aussi, j’ai baigné quelques mois dans la « violence ». Je la mets entre parenthèse car ça n’allait pas jusqu’à ces bleus sur tous le corps. Et c’était inversé… Dans ma dernière relation, j’étais « violente ». Lorsqu’il était en désaccord avec moi ou que je n’obtenais pas gain de cause, je pouvais recourir aux mains, ça allait d’une gifle à un rejet en essayant de le repousser, ou essayer vraiment de lui faire mal par tous les moyens avec mes mains. En se protégeant, lui, une fois a failli me casser le bras. Un jour de dispute, je me suis enfermée dans la salle de bain, avec un couteau (qui ne coupe même pas). Je n’avais pas l’intention de me faire du mal ni de lui en faire, toujours est-il qu’il a pris peur et a défoncé la porte de la salle de bain. Objets cassés, dégradation de l’appartement, voilà où en étaient le plus souvent nos violences. Car même si ce que je décris plus haut est quelque peu violent, c’était plus sur le matériel que nous nous en prenions. Fort heureusement.

Pour en revenir au film, je n’ai pas été choquée du fait que la jeune femme ne réussisse pas à partir. J’avais déjà vu des films et puis nous avons déjà tous entendu parler de la honte que ressentent ces femmes et de la peur qu’elles éprouvent. Elles n’osent pas porter plainte. Bien souvent, elles ont peur pour leurs enfants, qu’elles veulent protéger d’une possible revanche.

Selon le journal italien Psicologia. il existe des types d’hommes prédisposés à la violence conjugale, des types à éviter pour les femmes. Un homme qui a bat son animal domestique à 5 fois plus de probabilité de battre sa femme, un homme dépendant, homme alcoolisé, homme psychologiquement sadique, homme qui n’a pas coupé le cordon avec sa propre mère, l’homme libertin… Tous ces profils ont une plus grande propension à battre leur femme.

L’homme violent fait « emprise » sur sa conjointe et la coupe du monde. Il fera en sorte qu’elle se plie à toutes ses exigences. Au début de la relation, le couple paraît vivre un bonheur idyllique et puis petit à petit, les premières tensions vont se créer. Pour des broutilles, une chemise mal repassée, etc etc… Le violent va ensuite se déresponsabiliser et transférer la faute à la victime. Si elle n’avait pas été en retard, si la chemise avait été mieux repassée, etc etc… Alors la victime, endosse la responsabilité, et se dit qu’elle sait bien qu’il ne supporte pas qu’elle ait du retard, elle n’aurait pas du rester parler un peu trop longtemps avec la boulangère… Elle pense donc à tort que c’est à elle de changer…

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Puis vient l’épisode des remords. Le violent regrette son geste et il risque de perdre sa compagne. Il lui promet alors de changer, justifie son comportement, ses actes. Il demande pardon, « fait » le gentil pendant quelque temps… La victime croit alors retrouver l’homme qu’elle a aimé et puis pardonne… A la fin, l’homme ne redevient même plus l’homme gentil qu’il peut être, il sait qu’il a une véritable emprise sur sa victime qui croit ne plus pouvoir y échapper… Malheureusement… Alors, oui, il est facile de dire, « mais pourquoi elle ne part pas? ». Vous croyez vraiment que la victime se complait dans le rôle de la femme battue ?! Elle pense qu’il l’a rattrapera toujours, et qu’il la tuera, elle ou ses enfants.

Ce qui m’a le plus choquée dans ce film, c’est l’entourage. L’entourage qui sait, qui devine, mais qui ne fait rien. Le père qui se doute bien qu’il y a un problème mais qui finit par ne même plus vraiment prendre de nouvelles. Les gendarmes qui viennent plusieurs fois pour constater les mains courantes déposées mais qui finalement s’en aillent sans rien faire. La meilleure amie qui répond toujours présente mais qui n’appelle pas les autorités compétentes… Se mettre des œillères pour ne pas voir… Pour ne pas avoir à se sentir désemparé… Je ne sais pas, je cherche à comprendre le silence des proches. Le pire dans le film, c’est la voisine, qui entend, qui zieute, qui cherche à « voir » mais qui ne veut rien entendre et qui se cache quand la gamine vient l’appeler à l’aide… Pour mon cas, ma famille savait que ça n’allait pas. Ma mère voyait l’état de l’appartement et elle n’a rien dit jusqu’à ce que survienne la crise de trop… 18 de tension, et un séjour à l’hosto… Pourquoi ?! Peut-être parce-qu’elle pense que je lui aurais dit que ça ne la regarde pas ? Peut-être. C’est sûrement le cas. Je ne lui en veux pas. Mais le silence est vraiment un peu trop là. Il existe encore malheureusement un tabou sur ces violences conjugales.

Oui, les victimes, devraient partir au premier coup. Personne et rien ne peut justifier la violence. Les auteurs de ces actes devraient aussi avoir le droit à l’aide. Car après tout, ce sont eux qui ont un problème. Je ne minimise pas le fait que les victimes n’aient pas besoin d’aide. Attention, ne me faîtes pas dire ce que je ne dis pas ! Je pense juste qu’un suivi obligatoire serait plus approprié pour les auteurs qu’un tour par la case prison. Car je pense que ces personnes aiment leurs victimes, mais les aiment mal. Elles veulent se les approprier. Et n’y arrivent que par la violence. C’est un amour destructeur, la preuve…

Et toi, as-tu vu ce film ? Qu’en as-tu pensé ?

13 Replies to “Partir ou rester . . . Elles ne choisissent pas . . . Elles subissent . . .”

  1. J’ai regardé ce film moi aussi et comme toi je n’ai pu défaire mes yeux de l’écran. J’ai vécu cette situation il y a quelques années maintenant bien heureusement sans enfant car je pense que je ne serais jamais parti sinon… ce film a fait remonté des choses en moi à la surface que je pensais enfoui au plus profond de ma memoire, que j’avais passer le cap mais non… J’ai fini en larme à la fin et beaucoup de mal à me calmer. Il faut le vivre pour comprendre. Beaucoup de personnes comprennent pas pourquoi on n’arrive pas à partir…

  2. Pas vu le film car télé en berne … J’ai vécu ce type de relation avec les père de mes deux grandes. Une petite dose de violence physique, une grosse dose de violence psychologique. Comme tu l’as dit, l’isolement, est la véritable emprise. Si je sympathisais avec des collègues au boulot, si je voyais un peu trop mes ami(e)s, il faisait son maximum pour me retourner contre eux. Écrasait toute estime de moi en me disant qu’ils n’en avaient rien à faire de moi, qu’ils n’étaient intéressés que par mon c*l … Oui, même les filles … Si je partais boire un café chez la voisine, il m’épiait par la fenêtre et au retour j’avais droit au scandale parce que c’est une sal*** et qu’on s’est « bien donné du plaisir » (?!) etc etc … Les bleus sur le corps, sur les parties discrètes, que seul mon ostéopathe a pu constater… les bousculades, les objets, les meubles qui traversent l’appart’ … et les enfants au milieu …C’est dur oui de partir, il y a la peur des représailles, certes, mais plus que tout, ce dont il est difficile de se défaire, c’est de cette emprise, qui n’est pas toujours mal vécue … On passe des bons moments, intenses, et puis on garde le souvenir des débuts, de cette fusion, de cet amour, qu’on n’imagine pas irréel… Qu’on pense plus fort que n’importe quel sentiment … On se dit que c’est la force de cet amour qui rend les liens si destructeurs … Et puis on se sent coupable aussi , pas forcément de rester, de se laisser faire, non. On se sent coupable parce que dans des situations de violence, pour se défendre, on a été violent nous aussi … Et on se dit que le problème vient de lui, mais aussi de nous … Et puis non, on finit par y arriver, quand l’amour s’épuise et qu’on s’éloigne des souvenirs heureux …
    Et après … Se reconstruire, reconnaître le véritable amour, le lien respectueux dont on ignorait qu’il existait … arriver à s’en satisfaire aussi … Car il est diablement moins intense, passionné … Et on est presque en manque …

    1. merci bcp pour ton intervention, contente que tu en sois sortie, malheureusement c’est une spirale dont effectivement il est très difficile de se défaire, ce que l’entourage ne comprend pas vraiment

  3. L’emprise est malheureusement plus destructrice que les coups.. Et lorsqu’il y a emprise sans agressions physiques, là c’est le cauchemar.. ! Une vidéo montre très bien les mécanismes de la violence psychologique dans la violence conjugale : Fred et Marie. J’en ai fait un article sur mon blog, mais tu peux aussi la trouver facilement sur youtube.

    Je me permet une petite réaction par rapport à la fin de ton article : en fait, les auteurs des violences n’aiment pas tous la victime. On peut distinguer les violences qui consistent en une sorte de débordement incotrolable, où l’auteur « s’exprime » par les coups et regrette sincèrement ses gestes, et les violences qui se basent sur une prise de possession de l’autre.. Là, on est dans le sadisme, le narcissisme et la manipulation. Les coups sont une arme, et pas un mode d’expression.

    Donc, certain auteurs de violence méritent un suivi psychologique qui les aide à se canaliser .. Mais d’autres méritent sévèrement et impitoyablement la prison !

    L’idéal serait une expertise psychiatrique suffisamment longue pour déterminer l’état de détresse de l’auteur des violence et s’il semble regretter ses actes..

    Mes excuses pour ce loooong commentaire ^^
    En tous cas, ton article est très intéressant ! Et pour toutes les femmes qui souffrent de ces violences, il est toujours bon d’en parler. 🙂

    1. merci pour ton apport, je voulais parler du profil du pervers narcissique effectivement et puis j’ai oublié, je rebondirais probablement dessus dans un autre article, cependant je pense que même les cas extrêmes dont tu parles méritent aussi une aide… la prison ne les empêchera malheureusement pas de recommencer une fois dehors :s

      1. Je t’en prie 🙂 Attention toutefois au terme de pervers narcissique. On l’entend et le lit à toutes les sauces en ce moment, mais c’est souvent inexact (ou insuffisamment fondé). Parler d’abus narcissiques, en revanche, est un terme cliniquement correct 🙂
        Et non, malheureusement, la prison n’empêchera rien .. 🙁 mais je pense que les remettre face à une réalité est aussi un processus important, même pour eux… 😉

  4. Je n’ai pas regardé le film car je ne supporte pas cette actrice. Déjà dans profilage je trouvais qu’elle jouait terriblement mal et j’aime pas sa tronche donc niet, pas regardé ça et puis c’est très bien d’ailleurs car vu tout ce que j’en lis, je n’avais pas envie de me retourner les tripes un lundi soir

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