« J’ai appris malheu­reu­se­ment que la vidéo que j’ai faite il y a 10 ans est en train de tour­ner dans les cours de récréa­tion. Et dans celle de mes petits cousins, qui sont extrê­me­ment jeunes. Je tenais juste à m’ex­cu­ser auprès de tous ces enfants qui voient cette vidéo. Je suis vrai­ment fati­guée. Ça devient de plus en plus dur. Je voudrais juste qu’on me laisse tranquille. Je trouve ça inhu­main de faire ce genre de choses. Surtout quand on sait que la personne qui diffuse ces vidéos a elle-même des enfants« . Ce sont les propos de Barbara Opsomer, il y a quelques jours. Elle a subi ce que l’on appelle le « Revenge Porn ».
Cette chanteuse a participé à la onzième saison de Secret Story en fin d’année. Et est rentrée, il y a quelques semaines du tournage des Anges 10 diffusé actuellement. Déjà, dans Secret Story, le fait qu’elle ait fait une « sextape » alors qu’elle était encore mineure avait fuité. En réalité, Barbara a fait cette vidéo avec son copain de l’époque. Ils étaient jeunes, amoureux. Elle était amoureuse et naïve. Elle a fait une vidéo censée rester privée. Une rupture puis une autre femme plus âgée, jalouse de cette relation de l’époque et de Barbara. Et qui la fait chanter la jeune femme aujourd’hui. Elle utilise sa notoriété pour lui faire du mal et a fait circuler cette vidéo.
Les internautes critiquement très souvent de façon violente les candidats de télé-réalité. Et la haine des gens peut aller loin. Cette vidéo a fait le tour du net. Les gens la rediffusent sans penser aux conséquences de leurs actes et attisent la haine sur la jeune femme. Qui heureusement peut compter sur une communauté qui l’aime et de bons amis qui l’entoure. Le pire, c’est quand on sait que la personne qui a fuité la vidéo est une femme. Et qu’elle a elle même des enfants… Comment réagirait-elle le jour où cela arriverait à sa fille ou son fils ?

Quand une vidéo privée devient publique…

Cette histoire peut vous paraître banale. Vous pourriez vous dire aussi, quelle idée de faire ce genre de vidéos ? Je pense que dans l’euphorie de l’amour, de la naïveté et de la jeunesse, il n’est pas forcément évident de penser aux conséquences que peuvent-avoir ce genre de choses. On ne pense pas que la relation puisse se déliter, et que l’autre pourrait avoir des idées de vengeance… On se dit que cette vidéo restera privée, et qu’on peut la garder pour « jeux sexuels » avec notre partenaire.
Malheureusement, il existe des personnes malveillantes. Et le meilleur moyen de se prémunir est d’éviter à tout prix de faire ce genre de vidéos ou de photos. A l’ère d’aujourd’hui, les réseaux sociaux sont omniprésents dans notre vie. Les internautes peuvent partager en un clic et en une seconde ces photos ou vidéos compromettantes. Il est bien trop facile de partager via la multiplication des réseaux. Dans le cas d’une personne publique, comme Barbara Opsomer, il suffit de personnes haineuses ne l’appréciant pas. Et ces personnes s’acharneront à diffuser cette vidéo partout pour que le mal soit fait.
On pense que parce-que cette personne a fait une télé-réalité, on peut commenter et juger toute sa vie comme ça. Mais non, c’est faux. On peut juger ses actes dans ce qu’on voit à la télé. Mais certainement pas une « erreur » faite dans le passé. Chaque personne publique a le droit à pouvoir conserver sa vie privée, privée ! Ce qu’elle a pu faire dans le passé ne remet en rien la personne qu’elle est. Il n’y a rien de mal à faire ce genre de choses. Par contre la loi prohibe le fait de les relayer, déblatérer sur la place publique et diffuser ce genre de choses impliquant des mineurs.

Quand les réseaux sociaux font augmenter les dérives…

Barbara est un personnage public et il est plus facile de s’en moquer. Les gens pensent trop qu’ils ne risquent rien derrière leur petit PC à diffuser ce genre de choses. A les relayer sur divers supports internet et réseaux etc etc… Cela l’a fortement affectée, comme cela affecterait n’importe quelle personne devant faire face à cela. Ils existent des personnes fragiles, moins bien entourés. Et ce genre de chantages, menaces ou harcèlement dus à la diffusion de photos ou vidéos peuvent avoir des conséquences dramatiques. Et cela peut pousser les plus fragiles au suicide.
Aujourd’hui à l’ère des réseaux sociaux, les ruptures sont d’autant plus brutales. Et la haine de l’autre peut vite prendre le pas sur l’amour qu’on lui a porté. Un nouveau phénomène exacerbé par la multiplication des différents réseaux sociaux voit le jour ses dernières années : le revenge porn. En français, cela signifie vengeance pornographique. Il s’agit pour un ex ou autre personne, pirate qui réclame de l’argent par exemple, de diffuser une photo ou une vidéo au contenu sexuel sans le consentement de la personne concernée. Internet a grandement facilité ce phénomène qui existait déjà auparavant.
S’est ajouté depuis l’avènement d’Internet et les web-cams, le délit de sextorsion. Il consiste en l’extorsion via Internet de faveurs sexuelles ou monétaires. Les faveurs monétaires sont les plus connues avec les faux mails te demandant d’aider un ami. Mais il peut aussi s’agir de chantage à la webcam pour se dévêtir et pratiquer des photographies dans le but de faire chanter la personne après.

Le renforcement du droit pénal dans les affaires de « revenge porn »…

Le revenge-porn et le chantage à la webcam sont des faits punissables par la loi. De nombreux faits divers ayant poussé des jeunes au suicide après ce genre de mésaventure ont fait réagir la législation à ce sujet. Il a ainsi renforcé notre droit à la protection de la vie privée, sur le plan pénal. Les adolescent(e)s sont les plus fragiles face à ce genre de choses. Surtout à un âge où ils découvrent la sexualité et se construisent émotionnellement. Le regard des autres étant très important à cet âge, le fait de voir une « sextape » ou autres photos compromettantes d’eux se diffuser sur les réseaux et les moqueries qui s’en suivent, peuvent les pousser à commettre l’irréparable.
Ainsi, le droit pénal s’est renforcé en ce sens qu’auparavant la sanction était limitée à la diffusion de contenu à caractère sexuel uniquement si l’enregistrement et la diffusion dudit contenu était réalisé sans le consentement de la personne. Aujourd’hui, l’article 226-2-1 du Code Pénal renforce la protection de l’individu et sanctionne de deux ans d’emprisonnement et de 60000 euros d’amende «le fait, en l’absence d’accord de la personne pour la diffusion, de porter à la connaissance du public ou d’un tiers tout enregistrement ou tout document portant sur des paroles ou des images présentant un caractère sexuel, obtenu, avec le consentement exprès ou présumé de la personne ou par elle-même, à l’aide de l’un des actes prévus à l’article 226-1».

En effet avant, l’article 226-1 du Code Pénal punissait «d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende le fait, au moyen d’un procédé quelconque, volontairement de porter atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui : en captant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de leur auteur, des paroles prononcées à titre privé ou confidentiel ; en fixant, enregistrant ou transmettant, sans le consentement de celle-ci, l’image d’une personne se trouvant dans un lieu privé». Cependant, ici, à la différence de l’article 226-2-1, pour que cette atteinte soit caractérisée, il faut que le contenu ait été diffusé sans le consentement de la personne.

Diffuser des vidéos tournées avec ou sans consentement est condamnable…

On voit ainsi que la peine d’emprisonnement s’est allongée. Et que le droit s’est renforcé dans le sens où même si la personne ait accepté de faire ces vidéos, on ne peut les diffuser à son insu ni sans son consentement. Ainsi, désormais, le fait qu’il y ait eu un consentement de la personne à l’origine de l’enregistrement ou du document à caractère sexuel ne s’opposera plus à la sanction pénale dès lors que la personne concernée n’aura pas donné son accord pour sa diffusion. Cependant, avec le nouvel article 226-2-1, le principe d’application de la loi dans le temps permettra de sanctionner uniquement les faits postérieurs à l’entrée en vigueur de la loi pour une République numérique, soit à partir du 9 octobre 2016.

Le droit est également renforcé s’il s’agit de mineurs. La diffusion via Internet de photos ou vidéos représentant un mineur dénudé ou dans des situations ou poses sexuelles explicites, même par un autre mineur, est considéré comme une production à caractère pornographique relevant de sanctions pénales. Ainsi, la loi punit la consultation et la détention d’oeuvres pornographiques mettant en scène des mineurs. Elle condamne encore plus sévèrement le fait de produire, d’enregistrer et diffuser de telles images. Ainsi, la loi permet de condamner les personnes qui se permettent de faire passer la sextape d’une personnalité comme Barbara Opsomer ou de toute autre personne qui était mineure aux moments des faits.

… Des sanctions renforcées, si elles concernent des mineurs…

Ainsi, l’article 227-23 du Code Pénal, punit «le fait, en vue de sa diffusion, de fixer, d’enregistrer ou de transmettre l’image ou la représentation d’un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Lorsque l’image ou la représentation concerne un mineur de quinze ans, ces faits sont punis même s’ils n’ont pas été commis en vue de la diffusion de cette image ou représentation. Le fait d’offrir, de rendre disponible ou de diffuser une telle image ou représentation, par quelque moyen que ce soit, de l’importer ou de l’exporter, de la faire importer ou de la faire exporter, est puni des mêmes peines.

Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 euros d’amende lorsqu’il a été utilisé, pour la diffusion de l’image ou de la représentation du mineur à destination d’un public non déterminé, un réseau de communications électroniques. Le fait de consulter habituellement ou en contrepartie d’un paiement un service de communication au public en ligne mettant à disposition une telle image ou représentation, d’acquérir ou de détenir une telle image ou représentation par quelque moyen que ce soit est puni de deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende.

Les infractions prévues au présent article sont punies de dix ans d’emprisonnement et de 500 000 euros d’amende lorsqu’elles sont commises en bande organisée.La tentative des délits prévus au présent article est punie des mêmes peines. Les dispositions du présent article sont également applicables aux images pornographiques d’une personne dont l’aspect physique est celui d’un mineur, sauf s’il est établi que cette personne était âgée de dix-huit ans au jour de la fixation ou de l’enregistrement de son image».

Signaler tous contenus ou comportements illicites sur le net…

Pour faire cesser les diffusions, il est primordial de les signaler. Sur Twitter, vous avez la possibilité de signaler les personnes directement en expliquant votre démarche et de préciser les contenus à incriminer. Il existe également un onglet sur Facebook et sur Youtube pour le faire directement. Sinon, vous avez la possibilité de les signaler via une procédure officielle de signalement sur Internet. Ainsi, en utilisant ce site officiel https://www.internet-signalement.gouv.fr, vous pouvez signaler les contenus ou de comportements illicites auxquels vous vous seriez retrouvés confrontés au cours de votre utilisation d’Internet. Il existe également une procédure dite de notification. Cela permet de porter à la connaissance d’un hébergeur l’existence de contenus illicites qu’il stocke. Puis de pouvoir demander le retrait, après avoir fait établir, en urgence, un procès-verbal de constat par un huissier. Ce procès-verbal sera primordial pour poursuivre le responsable des divulgations par la suite.

L’article 6 de la loi N°2004-575 du 21 juin 2004, impose ainsi aux hébergeurs de concourir à la lutte contre les infractions les plus graves. Ils doivent, à ce titre, mettre en place « un dispositif facilement accessible et visible permettant à toute personne de porter à leur connaissance » les données portant sur un contenu sexuellement explicite non autorisé. Si ces démarches ne suffisent pas, il faudra alors saisir le tribunal avec une procédure d’urgence pour que le juge ordonne à l’hébergeur de supprimer le contenu litigieux. N’hésitez pas à porter plainte auprès du commissariat de votre domicile ou de recourir aux services d’un avocat spécialisé.

Le meilleur conseil pour se protéger…

Pour se prémunir, évitez de vous laisser photographier ou filmer à visage découvert dans des situations érotiques ou de laisser des photos explicites sur un ordinateur mal protégé ou en accès libre sur votre portable. N’envoyez pas de selfie ou de photos dénudées à des destinataires inconnus. Stocker de manière sécurisée avec un mot de passe complexe les photos ou vidéos intimes et des fichiers avec du contenu explicite.

Sachez en tout cas, que le droit s’est renforcé face à ce phénomène et que toute diffusion est condamnable. Parlez-en, et ne restez pas seul face à cela. Les signalements de ce genre sont pris très au sérieux. Etre derrière un écran, ne vous protège pas et ne vous donne pas le droit de faire n’importe quoi. Les personnes se permettant de faire circuler ce genre de choses, sachez que votre comportement est tellement lamentable. Vous devriez comprendre de vous même, que diffuser ce genre de choses, n’est pas sain. Et ce non seulement pour la personne « victime ». Mais pour les personnes mineurs qui pourraient se confronter à voir cela alors qu’elles n’ont rien demandé… Alors réfléchissez à vos actes !

11 Replies to “Se protéger, se prémunir et se défendre du phénomène du Revenge Porn…”

  1. Tant qu’il n’y aura pas de vraies sanctions, de vraies mesures prises par la justice, on continuera à se sentir très puissant derrière son écran. Pas besoin de faire une sextape pour se faire harceler sur le web et finir par se suicider. Même si chacun fait ce qu’il veut dans sa vie privée j’ai une petite part de moi qui ne peut pas s’empêcher de penser « ne faites jamais ce genre de vidéo on ne sait jamais » ?

    1. Le sujet principal et seul de mon article était ce phénomène du revenge porn mais oui évidemment ce n’est pas la seule forme d’harcelement malheureusement. Effectivement c’est le seul moyen d’éviter ce genre de choses que de ne pas faire ce genre de vidéos. Merci pour ton commentaire. Bonne soirée 🙂

  2. Et encore, il y a des mecs qui filment à l’insu de leur partenaire et qui ressortent ça ensuite pour faire du chantage, même avec toute la prudence du monde c’est difficile de s’en prémunir :/

    1. Oui la n’était pas le sujet de mon article. Mais oui cela existe également. Après, c’est tjs dans la théorie illégal mais on sait que dans les faits la justice peine encore à ce niveau là

  3. Hello
    Ton article est parfait et il illustre bien le problème et les limites des RS et du cyber-harcelement (qu’il soit porn ou pas). Tant que les auteurs de la Revenge porn ne seront pas punis avec de véritables sanctions cela continuera bien sur.
    Bonne journée

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